Revendiquer l’espace public

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Maïdan, Tahrir, Gezi, Occupy Walt Street, Nuit debout… Les mouvements des places qui ont émergé au cours des années 2010 dans différentes parties du monde ont rénové l’espace public et signalent une nouvelle manière de faire de la politique. À chaque fois, des individus de tout horizon se réunissent pour résister aux pouvoirs en place, proclamer leur présence sans mettre en avant de leader, partager des émotions, expérimenter « sur place » une nouvelle convivialité et célébrer leur diversité. Ces citoyens s’emparent des questions d’intérêt général afin de peser concrètement sur le bien commun. La démocratie semble réalisable, ici et maintenant.
Comment saisir la signification de ces mouvements ? Annoncent-ils véritablement une nouvelle ère politique ? Ou bien ne sont-ils que des épiphénomènes isolés ? Jusqu’ici, il se sont « naturellement » essoufflés, ou ont été étouffés par une violente répression. Ne représentent-ils qu’un rêve éphémère ? Rien n’est moins sûr. Les effets de certains perdurent même après leur extinction, comme dans le cas de Maïdan. Surtout, ils mettent en lumière une tendance de fond : la rencontre verticale désormais impossible entre une société hétérogène qui revendique un espace bien réel, et un pouvoir politique national renonçant à sa capacité d’action face aux problèmes d’ordre planétaire que sont la crise financière, la dévastation environnementale, l’expansion du terrorisme ou la pauvreté croissante.
L’aspiration portée par ces occupations de la place publique a encore de beaux jours devant elle.

  • Nilüfer Göle

    Nilüfer Göle est sociologue.

  • Richard Rechtman

    Anthropologue et psychiatre, directeur d’études à l’EHESS, Richard Rechtman a beaucoup travaillé auprès des ressortissants du Cambodge ...

  • Sandra Laugier

    Sandra Laugier est professeure de philosophie à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne et membre de l’IUF ...

  • Yves Cohen

    Yves Cohen est historien.

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9782271094100
22/09/2022
224
14 x 20.5 cm

Nicolas Celnik, Libération Supplément, 14 octobre 2022

« Yves Cohen s’appuie sur l’exemple de l’Ukraine, en 2014, pour montrer comment ils pourraient fédérer une classe écologiste dans la durée : l’occupation de la place Maidan aurait pu tourner court une fois que sa raison d’être – le départ du président Ianoukovitch- a été dépassée. Mais pendant ces quelques jours d’ébullition se sont nouées un certain nombre de solidarités, autour d’activités prosaïques comme la distribution de nourriture pour les occupants et l’organisation logistique. Et “ces liens qui se créent sur place entre les gens, renforcés par des expériences vécues d’égalité, se sont prolongés au cours des années suivantes dans différentes actions au sein de la société, poursuit Yves Cohen. Et ils expliquent, en partie, pourquoi la résistance ukrainienne a été si forte aux premières heures de la guerre”. Un précédent pour outiller la future classe écologiste ? »

Cynthia Fleury, L’Humanité, 20 octobre 2022

L’ouvrage collectif (Nilüfer Gôle, Richard Rechtman, Sandra Laugier, Yves Cohen) Revendiquer l’espace public (CNRS éditions, 2022) revient sur les différents “formats” et “esthétiques” des mouvements sociaux depuis 2010 qui mettent en scène de nouveaux invariants : expérimentation démocratique, autogestion, occupation des espaces, “habits d’apparition” (bonnet, gilet, etc.), “triomphe de l’énonciation subjective”, auto-organisation, rhétorique de l’indignation, intersectionnalité des enjeux, sollicitation des émotions, défiance envers les institutions, usage de la “performance”, etc. […] Pour les auteurs, l’aventure pro-démocratique et pro-européenne de Maïdan (2014) n’est pas étrangère à la violence guerrière qui s’abat sur l’Ukraine aujourd’hui de la part de la Russie. […] L’espace public se veut d’emblée un lieu de fabrique de l’égalité et pas seulement de l’expression libre. »

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