- Pascal Bonafoux
Historien de l’art, écrivain et professeur à l’Université de Paris 8 ...
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Le mouvement impressionniste né de la critique L’impressionnisme (Manet, Pissaro, Monet, Renoir etc.) a d’abord été synonyme de scandale même s’il est aujourd’hui universellement admiré. Ses instigateurs sont d’emblée tenus à l’écart du salon officiel, le jury rejetant à la fois une facture non académique et une trop grande modernité des sujets. Capter l’instant, restituer les sensations Indépendants, les impressionnistes révolutionnent les règles traditionnelles de la peinture. Il s’intéressent aux phénomènes éphémères et aux transformations du paysage. À cet égard, leur désir de capter l’instant en cultivant le flou n’est certainement pas étranger à l’essor contemporain de la photographie. L’influence de l’estampe japonaise est également sensible, tant dans le goût pour des cadrages inédits que pour la luminosité franche des couleurs. Pour restituer leurs sensations, ces artistes inventent une nouvelle manière de peindre : ils juxtaposent des touches de couleurs, que l’œil recompose à distance. Ils font de la lumière l’élément essentiel de leur peinture et se concentrent sur le mouvement de personnages saisis sur le vif. Les métamorphoses de la nature, les mouvements de l’air et de la lumière, le spectacle permanent des villes avec ses foules, ses rues et ses lieux de divertissement constituent leur principale source d’inspiration. L’art du paysage La plupart des impressionnistes s’attachent plus particulièrement au paysage, genre à nouveau en vogue depuis 1817, année de création d’un prix de Rome pour le paysage historique. Cette peinture évolue avec une pratique de plus en plus répandue : le travail en plein air. Les impressionnistes en sont les principaux adeptes. Désireux de transcrire de façon aussi réaliste que possible leurs impressions sur la toile, ils quittent l’atelier pour peindre directement leur sujet, écartant ainsi toute procédure de recomposition. À côté des vues de campagne, les thèmes marins et aquatiques sont d’autres sujets de prédilection prisés par les peintres du mouvement. Dans la seconde moitié des années 1870, ils affectionnent plus particulièrement les bords de Seine et les plages de Normandie. Intéressé par la perception changeante des choses induite par le cheminement de la lumière, Claude Monet développe une peinture sérielle (les meules, la cathédrale de Rouen…), dans laquelle il représente inlassablement le même motif aux différentes heures du jour. Le spectacle de la vie moderne Contrairement aux idées reçues, les thèmes impressionnistes ne se réduisent pas aux paysages champêtres et aux visions bucoliques de la nature. Les impressionnistes investissent aussi, parallèlement, le terrain de la ville. Plus que dans d’autres mouvements sans doute, leur œuvre s’inscrit dans le cadre des métamorphoses urbaines du Paris d’Haussmann. C’est ainsi que Monet présente en 1877, lors de leur troisième exposition commune, sa fameuse série exécutée consacrée à la gare Saint-Lazare. Les impressionnistes peignent également les charmes de la vie moderne dans des scènes aussi populaires que joyeuses (Auguste Renoir, Le Bal du Moulin de la Galette, 1876). L’exposition de 1886 marque la fin officielle de l’impressionnisme en tant que mouvement constitué, ce qui n’empêche pas des œuvres postérieures d’être formellement très proches. Après cette date, chaque artiste poursuit sa voie, laissant derrière lui le souvenir d’expositions comptant parmi les évènements les plus importants de l’histoire de l’art du XIXe siècle.« Composer son tableau, non dans l’atelier, mais sur place, en présence du sujet; se débarrasser de toute convention; se mettre en face de la nature et l’interpréter sincèrement, brutalement, sans se préoccuper de la manière officielle de voir; traduire scrupuleusement l’impression, la sensation, toute crue, toute étrange qu’elle puisse paraître; présenter l’être, vivant de geste et d’attitude, remuant, dans l’atmosphère et la lumière fugitives et toujours changeantes; saisir au passage l’incessante mobilité de la coloration de l’air (…) Dans son horreur du convenu, cette nouvelle école cherche les sujets inédits; elle hante les coulisses des théâtres, les cafés, les cabarets, les caboulots même; les bals de barrière ne lui font point peur, et elle canote à Asnières ou à Argenteuil. » Charles Ephrussi in Gazette des Beaux-Arts, 1er mai 1880.
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